L’arrivée des Guérin à Montluçon
Naissance de l’usine des Hauts-Fourneaux de Montluçon
Le 20 avril 1840 est créée une société pour la construction et l’exploitation de hauts-fourneaux à Montluçon. Ses fondateurs sont :
– Auguste Grangier, propriétaire et maître de forges à Dijon (Côte d’Or),
– Armand-Guy-Charles de Coetnempren, comte de Kersaint demeurant à Paris,
– Denis-Aimé-René-Emmanuel Benoist, maître de forges à Allais (Gard).
Pour implanter l’usine, leur choix se porte sur une parcelle située aux Conches, sur la rive droite du Cher.
Il est probable que l’emplacement n’a pas été choisi au hasard car le terrain se situe au pied d’une colline, ce qui facilite le chargement des fours.Pour l’acheminement du charbon, les convois de tombereaux arrivant de Commentry par la route de Châtelard n’auront plus besoin de traverser le Cher sur le pont Saint-Pierre, créant des problèmes de trafic en raison de la faible largeur du pont. En 1840, le « Chemin de fer à ficelle » n’existait pas encore. Le 4 mai 1840, Auguste Grangier, futur gérant, demande l’autorisation d’établir quatre hauts-fourneaux. Mais sa santé ne lui permet pas de continuer, et de ce fait la société est dissoute.
Adolphe Guérin et les Hauts-Fourneaux de Montluçon
C’est à cette période que Denis Benoist d’Azy, qui connaît bien Adolphe Guérin, lui demande de le rejoindre à Montluçon. Le 25 novembre 1840, Benoist et de Kersaint s’associent avec Adolphe Guérin et créent la société en participation « Kersaint-Benoist-Guérin ». À la suite de cette association, Adolphe Guérin confirme la demande d’autorisation établie précédemment par Auguste Grangier. Le premier haut-fourneau est achevé en 1841, le second en 1844, l’ensemble permettant de produire environ 7 000 tonnes de fonte par an. Les fontes au coke produites par les hauts-fourneaux ont comme débouchés Commentry et Fourchambault. En 1845, Adolphe Guérin déposera, pour le compte de la société, un brevet sur un type de four à coke.
5 juillet 1849 – création de la « Société des Hauts-Fourneaux de Montluçon » autorisée par décret du 27 juillet 1849 (enregistré sous le n° 500). C’est Adolphe Guérin qui en est le directeur-gérant.
Elle est constituée par :
– Armand-Guy-Charles de Coetnempren de Kersaint, propriétaire, ancien préfet.
– Denys-Aimé-René-Emmanuel Benoist, propriétaire,
– Adolphe-César-Laurent Guérin, directeur gérant de la société des Hauts-Fourneaux,
– Nicolas-Joachim-Barthélémy Gonon, propriétaire,
– Hippolyte-Louis Guérin, rentier. Fils de Louis-Ebremond, il est plus connu comme poète sous le nom d’Hippolyte Guérin de Litteau.
– Jean-Antoine-Théodore Languinier, négociant.
La société ainsi créée a pour objet :
– l’exploitation de l’usine des Hauts-Fourneaux,
– l’exploitation de la mine de houille de Montvicq.
Le développement des Hauts-Fourneaux – Le regroupement avec les entreprises du Nivernais
D’un côté, les besoins en rails des compagnies de chemins de fer deviennent de plus en plus importants. Mais aussi la création d’une importante forge à Montluçon (Saint-Jacques) constitue une menace directe pour l’usine de Fourchambault, appartenant à la société Boigues, alimentée en houille par la mine de Commentry. Pour faire face, Paul Benoist d’Azy (fils de Denys), directeur des usines de Fourchambault, élabore un plan qu’il présente à Stéphane Mony, directeur de la Mine de Commentry. Il propose de constituer une société forte qui regrouperait les trois sociétés existantes et qui utiliserait les ressources et les compétences de chacune d’entre elles :
– La « Société anonyme des Hauts-Fourneaux », qui possédait l’usine des hauts-fourneaux de Montluçon et la mine de Montvicq,
– La « Société Rambourg frères« , qui possédait les mines de Commentry.
– La « Société Boigues et Compagnie » dont les forges de Fourchambault appartenaient à la famille nivernaise Boigues.
Ce rapprochement permettait à la société Boigues de sécuriser son approvisionnement de houille et de coke, assurait à la famille Benoist d’Azy un écoulement des productions de fonte et offrait des débouchés stables à la mine de Commentry.
Le rapprochement des différentes sociétés est réalisé par la création le 17 décembre 1853 de la « Compagnie des Houillères de Commentry et de Montvicq, des Forges et Fonderies de Fourchambault, Montluçon, Imphy, etc. »
La société débute le 1er janvier 1854. Elle est établie en commandite sous la raison sociale « Société Boigues, Rambourg et Compagnie » et regroupe des entreprises appartenant à différentes compagnies.
C’est entre la Nièvre, le Cher et l’Allier un total de douze hauts-fourneaux au coke et un au bois, deux fonderies, une grande forge et un atelier de ferronnerie produisant ensemble par an 70 000 tonnes de métal fini, et deux mines qui livrent aux ateliers associés ou au marché général un approvisionnement de 450 000 tonnes de houille. L’ensemble de cette union représente plus de 7 000 ouvriers. La société ainsi créée est gérée en nom collectif par Paul Rambourg, Émile Boigues, Jules Hochet, Paul Benoist d’Azy et Stéphane Mony. Jules Hochet supervise la commercialisation, Paul Benoist d’Azy les usines et Stéphane Mony les houillères.