Pour dresser un portrait sans complaisance de cette romancière ô combien atypique, il va nous falloir tenter de comprendre la genèse de sa transformation : Comment la jeune Aurore est-elle devenue la célèbre George ?
« Fille d’un patricien et d’une bohémienne », (autrement dit de Maurice Dupin de Francueil et de Sophie Victoire Delaborde), Aurore Dupin a 4 ans quand en 1808 elle perd son père ainsi que son frère. En plus de ces deuils cruels, elle est déchirée entre deux femmes : sa mère, et sa grand-mère Aurore de Saxe. Cette dernière la retire de la tutelle de sa mère afin de lui donner une éducation bourgeoise. Mais elle espère aussi, de cette manière, remplacer dans son cœur son fils Maurice décédé par sa petite-fille Aurore. Elle ira même jusqu’à la dénommer « Maurice mon fils » ! Ce qui ne manquera pas d’avoir des conséquences sur le caractère de la fillette…
N’oublions pas non plus que c’est cette grand-mère, Aurore de Saxe, qui a acheté Nohant, ce domaine et cette maison qui ont tant marqué George Sand.
Son précepteur Deschartres l’éveille très tôt aux sciences et à la découverte de la nature. Toujours habillée en garçon, elle chevauche sa jument Colette pour parcourir la campagne berrichonne. Jeune adolescente, enfermée dans la solitude, elle trouve d’abord un refuge dans l’imaginaire d’un dieu « Corambé » qu’elle s’invente et pour lequel elle élève un petit autel dans un recoin du domaine de Nohant. Puis elle entretient des confidences imaginaires avec un autre fruit de son imagination, « le très docte et très habile docteur Piffoêl ».
Son mariage avec Casimir Dudevant, en 1822, se désagrège très vite, malgré les naissances de ses enfants : d’abord, en 1823, Maurice, qu’elle surnomme son bouli, « le plus parfait ouvrage qu’elle ait jamais produit à la lumière des cieux », puis, en 1828, Solange, avec qui elle aura des rapports compliqués.