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Chateau-Bien-Assis

Les Amis de Montluçon

Société d'Histoire et d'Archéologie

Les commerces de Montluçon à la Belle Époque

Publication

Activité associée

La grand Bazar

C’est dans le cadre d’une déambulation dans les rues de Montluçon, rive droite et rive gauche du Cher, que le conférencier Alain Gourbet a promené son auditoire en évoquant « la Belle Époque, ce temps que les moins de 120 ans ne peuvent pas connaître » …

« La Belle Époque », ces mots évoquent une période prospère de l’histoire de France allant de la fin du XIXe siècle jusqu’en 1914, début de la première guerre mondiale. L’essor industriel et scientifique, la télégraphie sans fil, le début de l’aviation et du cinéma avec les frères Lumière, tout cela s’accompagne alors d’un nouvel art de vivre, vécu dans une certaine insouciance.

Place Notre-Dame/rue Grande

La réalité quotidienne
La réalité quotidienne est cependant bien plus rude pour le peuple qui connaît des conditions de vie difficiles. Il n’y a pas d’eau au robinet, pas de salle de bain ni WC dans les habitations modestes. D’où l’installation de trois établissements privés de bains-douches à Montluçon. L’électricité n’est pas encore répandue dans tous les foyers. On s’éclaire à la bougie ou à la lampe à pétrole. On se chauffe avec un poêle à bois ou à charbon. Les familles vivent sans confort ménager. Pas de machine à laver ni réfrigérateur. On lave le linge au lavoir. Les gens se déplacent à pied ou en bicyclette. L’automobile n’en est qu’à ses débuts.
Les enfants travaillent majoritairement à partir de l’âge de douze ans, sauf quelques-uns qui continuent leurs études. Dans le secteur des commerces, le personnel est souvent à l’œuvre le dimanche. En dehors des zones rurales, les femmes qui travaillent en ville sont souvent lingères, couturières ou employées de commerce. Le prix moyen du kilo de pain est de 0,38 francs en 1900 et 1,02 francs en 1920.
En 1901, Montluçon comptait environ 35 000 habitants. L’essor de la population est dû à l’activité industrielle amplifiée par l’ouverture du canal de Berry qui permet l’arrivée du minerai de fer, lequel peut être transformé grâce au charbon de Commentry.
À la fin du XIXe siècle et au début XXe, les commerces de Montluçon sont répartis à peu près uniformément entre la rive gauche du Cher, qu’on appelle la Ville-Gozet, quartier ouvrier, et la rive droite, sur le boulevard de Courtais où s’installe la bourgeoisie. Le Cher est donc une véritable barrière sociale.
C’est à partir d’un almanach des pompiers de 1903 et en utilisant le journal Le Centre qu’Alain Gourbet a essayé de reconstituer jusqu’en 1919 les commerces qui ont existé à cette époque à Montluçon.

L’évolution du petit commerce
L’étude des « en-tête » des magasins, souvent de belle facture, montre que l’on conservait l’historique de l’enseigne, en rappelant ses origines, souvent depuis sa création, l’activité étant liée au nom de son propriétaire, « Maison X … ». Au début du XXe siècle, on trouvait surtout des petites boutiques très spécialisées où l’on entrait uniquement pour acheter, non pour flâner.
Peu à peu certains commerçants ont compris l’intérêt d’attirer la clientèle bourgeoise en faisant de la « réclame », premiers pas de la publicité. Il s’agissait de faire la promotion de leur activité pour attirer le chaland, diffuser les tendances parisiennes, incontournables, et afficher les ventes-réclames.
Pour mettre en valeur leur boutique, les commerçants n’hésitaient pas à user de superlatifs dans le nom ou dans la publicité insérée dans la presse locale. Les commerces rivalisaient d’imagination avec des appellations aguichantes, « Au sans pareil », « Au petit Paris », « Au bon marché », « Au printemps », « Au chat noir », « Aux quatre saisons », « Au coin de rue ».
Une nouvelle façon de fidéliser la clientèle était de faire gagner des points aux acheteurs qui étaient ensuite récompensés de leurs emplettes par un bibelot ou un autre article.
Les modalités de vente vont être révolutionnées avec une nouvelle pratique : l’entrée libre. En contrepartie, l’annonce « Entrée entièrement libre et prix fixes » signifiait qu’il n’y avait pas de marchandage possible.

Angle boulevard de Courtais-Avenue de la gare

Un maillage de petits commerces
À travers une collection de cartes postales représentant les commerces du début du XXe siècle, Alain Gourbet a illustré la multitude de vitrines qui jalonnaient la vieille ville et le boulevard de Courtais, ainsi que la rue de la République dans la Ville-Gozet, jusqu’à la partie dédiée au canal de Berry.
Les commerces d’alimentation, boulangeries, pâtisseries, épiceries, primeurs, boucheries, charcuteries, volailles, triperies et quelques poissonneries jalonnaient tout ce secteur car il s’agissait d’approvisionner la population.
Le marché de la vieille ville avait lieu sur la place de la Poterie le samedi, tandis que le marché de la Ville-Gozet se tenait rue de la République et place Denis-Papin le mercredi.
Les achats de la clientèle s’effectuaient au jour le jour, surtout sur les marchés, pour éviter le problème de la conservation des denrées alimentaires.
On dénombrait un grand nombre de sabotiers (sabots et galoches), cordonniers et chausseurs de part et d’autre du Cher, ainsi que des chapeliers, fourreurs, coiffeurs, chemiseries, librairies, imprimeries, pharmacies, bijoutiers-horlogers, photographes, marchands de parapluies ou de meubles, bazars, magasins d’articles de maison (faïence et porcelaine), ou quincailleries. Un des bureaux de tabac était à l’emblème de la civette, faisant ici référence à l’utilisation des glandes à musc de la civette pour conserver et parfumer le tabac à priser.
Tous ces commerces étaient répartis entre la vieille ville et la Ville-Gozet, en fonction des besoins de la clientèle.
Certains métiers étaient liés à l’activité du canal de Berry, bourreliers, maréchaux-ferrants, charrons, charpentiers de marine. On trouvait aussi des marchands de matériaux ou des artisans du bâtiment.91

Il y avait peu de commerces de mode à l’époque puisque le prêt-à-porter n’existait pas encore. Ce n’est qu’avec l’apparition en 1937 du magazine Marie-Claire que la mode s’est développée. Sa fondatrice, Marcelle Auclair, était d’origine montluçonnaise.
Les magasins de nouveautés proposaient étoffes, tissus, mercerie et rubans surtout côté rive droite. Les vêtements étaient souvent confectionnés par des modistes ou des tailleurs.
Montluçon possédait à cette époque une fabrique de machines à coudre Hurtu qui fut détrônée plus tard par les fabrications Singer.
Le contraste vestimentaire entre rive droite et rive gauche s’exprimait à travers costume, chapeau ou canotier pour la classe favorisée, blouse et casquette pour les ouvriers.

Entre divertissement et convivialité
Dans le domaine des divertissements, en 1903, le premier cinéma ambulant qui s’installe pour la « fête de la septembre » est le cinéma Bazola, qui revient chaque année jusqu’en 1906. Le cinéma est véritablement apparu à Montluçon en 1904 au « Grand Café ». On projetait aussi des films sur une toile disposée place de la Mairie. Le « Théâtre Cirque » installé place Fargin-Fayol et le « Café de la Poste » boulevard de Courtais proposeront en 1906 des séances cinématographiques.
Outre les représentations musicales dans les grands cafés, les bals dans les hôtels ou à la Maison communale place Saint-Paul, ou encore au kiosque à musique installé sur l’avenue de la gare, plusieurs salles de concerts vont voir le jour, qui se transformeront ensuite en cinémas. Le « cinéma Pathé́ » en 1911 (qui deviendra plus tard « l’Éden ») place de la Mairie, le « Splendid Cinéma » plus couramment appelé « Royal Barathon » en 1913 rue Barathon, le « Gaumont Palace » en 1914, boulevard de Courtais, puis en Ville-Gozet, « Les Variétés » en 1922, rue de la République

Côté convivialité, cent-cinquante-sept cafés ou cabarets existaient à cette époque, témoignant d’un lien social très fort.

La bourgeoisie locale s’exposait avec élégance dans des restaurants ou cafés en terrasse sur le boulevard de Courtais. On venait y déguster du café ou boire des boissons alcoolisées. C’était aussi les lieux de rencontre des commerçants, rentiers ou bourgeois qui venaient y conclure leurs affaires ou parler politique.

Se repérer dans les lieux fréquentés par les Montluçonnais de la Belle Époque n’aurait pas été chose facile sans l’idée du conférencier de juxtaposer sur l’écran une carte postale récente, à titre de comparaison.

À l’emplacement actuel des « Années folles » se tenait le « Grand restaurant du midi », rue Bretonnie, avec, en arrière-plan et en hauteur la caserne du 121e Régiment d’Infanterie.

Le café Riche était au début du siècle dernier l’un des hauts lieux de la bonne société montluçonnaise qui venait s’y divertir et y danser. Il disposait d’une salle de billard et de grandes salles qui se prêtaient bien aux démonstrations d’escrime alors en vogue.

Les brasseries, distilleries, négociants en vins ou débits de boissons faisaient aussi partie des commerces de la vie locale, au même titre que les hôtels, meublés, restaurants et auberges répartis de part et d’autre du Cher.

L’inauguration du cinéma « le Palace » a donné lieu à une soirée de gala le 30 janvier 1914. Un article du journal Le Centre décrit ce lieu comme « un véritable palais de cinéma où l’on a réuni le maximum de confort et de sécurité pour les spectateurs, fauteuils confortables, chauffage central et ventilation perfectionnée… ». Cette salle de spectacle fut aussi la scène de concerts et de combats de boxe.
Les Galeries Modernes ont ouvert leurs portes le 21 mars 1914. Mais un incendie détruira le bâtiment en décembre 1946.

L’enseigne Monoprix s’implantera plus tard à Montluçon en 1933, véritable révolution dans le monde du commerce.

Le faubourg Saint-Pierre
La rue du faubourg Saint-Pierre était aussi très animée avec un grand nombre de petits commerces de toutes natures. La partie basse de cette rue s’appelait la place des Capucins, en raison de la proximité de l’ancien couvent des Capucins. Une partie des bâtiments fut détruite pour permettre l’élargissement de la rue.
À l’emplacement de la bijouterie Lamy se trouvait déjà une boutique d’horlogerie-bijouterie « À la confiance », jouxtant une société parisienne de chaussures.
Ce quartier était qualifié par Nicolas de Nicolay de « rue des hostelliers et des cabarets à loger les passants. »
En 1910 est inauguré le bâtiment de la Poste, sur l’emplacement de l’immeuble à l’enseigne « Le petit Paris ». Le second étage du bâtiment abrite la chambre de commerce de 1911 à 1937.
Photo 10 : la Poste

La Ville Gozet
Le franchissement du pont Saint-Pierre, dit « pont à dos d’âne », conduit à la rue de la République, qualifiée d’avenue en 1966, dans le quartier ouvrier de la Ville-Gozet où le commerce de détail était également très vivant.

Parmi les nombreuses enseignes, on retiendra la boutique de « sabots et galoches » Neyrat, dont le nom est resté familier à de nombreux Montluçonnais.

Dans la Ville-Gozet, les ouvriers fréquentaient le bistrot, nommé aussi cabaret à l’époque.
Certains de ces lieux furent célèbres :
Le Café de la Violette, qui disposait d’une grande salle pour les bals et les réunions, avait accueilli Jules Guesde lorsqu’il était venu soutenir Jean Dormoy lors d’un meeting en 1880.
Le Café du Tivoli, à proximité du passage à niveau et de la passerelle, était un café-concert avec un jardin.
La rue de la République était à cette époque séparée du quartier des Marais par une passerelle qui permettait aux piétons de traverser la voie ferrée, à une époque où le trafic ferroviaire était dense, bien avant la construction du pont supérieur.
Le conférencier Alain Gourbet poursuivra son cheminement en proposant sous peu à son public une suite avec « Les commerces à Montluçon pendant les trente Glorieuses ». Cette nouvelle pérégrination dans les rues montluçonnaises sera cette fois-ci illustrée avec les photos du « fonds Robert Parant » détenues par le Musée de Montluçon.

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