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Les Amis de Montluçon

Société d'Histoire et d'Archéologie

La vigne et le vin de l’Antiquité au Moyen Âge, en Auvergne et Bourbonnais

Publication

Activité associée

Cruches découvertes à Lezoux

Lorsqu’en 2021, le musée de la vigne de Saint-Pourçain me sollicita pour étudier une amphore vinaire antique qu’il venait d’acquérir, l’idée a germé de proposer une conférence pour présenter au public différents vestiges mis au jour dans la région et témoignant autant de la production de vin que de la consommation de cette boisson. Ainsi, un diaporama a été élaboré en utilisant une large documentation issue d’une part, de travaux de recherches archéologiques plus ou moins récents conduits en Auvergne, et d’autre part d’informations complémentaires concernant des secteurs géographiques un peu plus éloignés.

Cette conférence fut présentée une première fois à Saint-Pourçain-sur-Sioule, dans le cadre du festival « Cep by Cep », en juin 2023. Puis en novembre 2023, une deuxième présentation fut réalisée à Avermes, dans le cadre des « Rencontres Maurice Franc ». Suite à ces manifestations, le contenu de l’exposé à été publié par le GRAHCA dans le n° 16 de ses publications : Sophie Liegard, Le vin de l’Antiquité au Moyen Âge, des importations aux productions locales, dans Paléontologie, archéologie et histoire en Bourbonnais, Le Montet, 2023, p. 19-33.

À l’invitation des Amis de Montluçon, cette conférence a été redonnée à Montluçon le 11 avril dernier. Le texte qui suit correspond à un résumé de quelques-uns des points abordés, le lecteur intéressé pouvant se rapporter à la publication de 2023 pour avoir plus d’informations.

Le vin à l’époque gauloise

Si les premières plantations de vigne en Gaule ne semblent pas, en l’état actuel des connaissances, antérieures au Ier ou IIe siècle de notre ère, avant le Haut-Empire, il y avait pourtant déjà du vin qui circulait dans notre région, celui-ci étant importé essentiellement depuis les rivages de la mer tyrrhénienne. En effet, les gaulois appréciaient ce breuvage, comme le rapportent les auteurs antiques. Vercingétorix, chef du peuple Arverne, devait être un grand amateur de vin, car il a été jusqu’à faire figurer sur les monnaies à son effigie, une amphore, contenant vinaire caractéristique de cette période et dont le volume pouvait avoisiner 20 à 30 litres. Les découvertes d’amphores sur les sites régionaux ne sont pas si rares, mais c’est surtout dans les agglomérations gauloises que l’on en retrouve le plus, comme à Corent (Puy-de-Dôme), où le responsable des recherches menées sur ce site, Matthieu Poux, estime que près de 100 000 amphores de vin y auraient été consommées.

Dans l’Allier, les découvertes d’amphores sont moins nombreuses, et l’exemplaire de Châtel-de-Neuvre, récemment acquis par le musée de la vigne de Saint-Pourçain, est remarquable. En effet, le récipient est presque entier, ce qui n’est pas si courant pour des vestiges de cette nature, ceux-ci étant très souvent retrouvés à l’état de fragments. Cette amphore, de type Dressel IA ou IB, datable du IIe ou Ier siècle avant notre ère, a été découverte fortuitement, en 1955, à l’occasion de la construction d’une dépendance agricole (fig. 1). De fait, on ne dispose d’aucune information sur le site d’où elle provient. Néanmoins, il semble probable que les lieux aient été occupé par un établissement rural aristocratique, implantation susceptible de receler des amphores en quantité relativement importante.

La vigne et le vin à l’époque gallo-romaine

Si la documentation textuelle est assez rare pour cette période, en revanche, les représentations en lien avec ce thème sont extrêmement nombreuses. Ainsi, on en retrouve sur des objets du quotidien, comme sur les céramiques sigillées (fig. 2) ou la vaisselle en verre, mais aussi sur les mosaïques. Dans le domaine de la statuaire, on pense forcément au dieu Bacchus souvent représenté avec une grappe de raisins dans une main et une corne à boire dans l’autre, comme l’exemplaire découvert anciennement à Vichy (fig. 3).

En Auvergne, les preuves formelles d’une production vinicole antique sont encore discutées. L’un des rares établissements ruraux ayant livré des vestiges bâtis susceptibles d’être liés à ce type d’activité est celui de Maréchal à Romagnat (Puy-de-Dôme), fouillé en 1992, sur le tracé du contournement sud de Clermont-Ferrand. Parmi les bâtiments mis au jour dans la partie agricole de cette villa, une construction rectangulaire de plus de 100 m2 présente les caractéristiques d’un chai avec, dans sa partie occidentale, des aménagements (bassins et pressoir) susceptibles d’avoir servi à la production de vin et/ou d’huile.

Par ailleurs, en Auvergne, il existait au début de notre ère une production d’amphores qui pourraient bien avoir été vouées à la commercialisation du vin local. Un certain nombre d’autres indices (identification de pollen de vigne cultivée, découverte de restes de raisins, d’outillage adapté au travail de la vigne, ou présence de fosses de plantation) invitent à penser que l’origine du vignoble auvergnat se situerait bien dans le courant du Haut-Empire, au Ier ou IIe siècle de notre ère.

Dans les environs de Montluçon, des photographies aériennes ont permis de repérer des alignements de fosses rectangulaires qui témoignent d’anciennes cultures, peut-être de vigne (fig. 4). Mais en l’absence de fouille, il est impossible, d’une part d’en préciser la datation, et d’autre part d’être vraiment certain qu’il s’agit bien de ce type de plantations.

La vigne et le vin à la fin de l’Antiquité et au début du Moyen Âge

Pour cette période, qui reste encore assez méconnue, on dispose de témoignages de notables mentionnant différents vignobles. C’est notamment le cas de Sidoine Apollinaire (au Ve siècle), puis de Grégoire de Tours (au VIe siècle) qui évoquent tous les deux les vignes d’Auvergne.

La vaisselle en terre cuite de cette période est assez variée et, à n’en pas douter, des contenants à liquide devaient être destinés au service du vin. Cela pourrait bien être le cas de cruches biconiques, sans doute produites à Lezoux, qui, pour certaines d’entre elles, sont ornées de motifs de feuilles surmontés de spirales semblant correspondre à des feuilles et vrilles de vigne stylisées (fig. 5).

À cette époque, la vigne est un thème décoratif que l’on retrouve souvent associé à des motifs religieux, le vin représentant le sang du Christ dans les célébrations chrétiennes. Le sarcophage en marbre découvert fortuitement en 1988, lors de travaux à Arpajon-sur-Cère (Cantal), en est un bel exemple, l’un des panneaux latéraux étant orné d’un motif représentant une vigne sortant d’un canthare (vase à deux anses).

La vigne et le vin durant le Moyen Âge central

Les manuscrits médiévaux constituent une source d’information importante pour les chercheurs, notamment les enluminures. Si les représentations de vigne sont assez rares dans les documents du Moyen Âge central (fig. 6), elles deviennent de plus en plus nombreuses dans les écrits postérieurs. Elles sont très souvent liées à des calendriers et les images se rapportent aux travaux à effectuer, mois par mois. La plantation et la taille de la vigne sont des thèmes assez courants pour illustrer les mois d’hiver, alors que les mois d’automne sont souvent associés à des scènes de vendange ou de foulage du raisin. Ces représentations calendaires se retrouvent également dans le domaine du lapidaire, comme sur le calendrier représenté sur un pilier roman conservé au musée de Souvigny.

À partir du Moyen Âge, la verrerie était sans doute liée au service et à la consommation du vin. Parmi les récipients qui pourraient avoir été utilisés dans ce cadre, il est possible de mentionner la coupe en verre des Xe-XIIe siècles, découverte en 2012 dans le fonds d’un puits, cours Jean-Jaurès à Souvigny (fig. 7). Sur la place Sainte-Croix de Gannat, en 2002, des sondages avaient permis de recueillir un fragment de verre à boire encore plus ancien (IXe-Xe siècles) qui était sans doute lié à un habitat élitaire occupant alors le cœur de l’agglomération.

Les textes du Moyen Âge central ne sont pas très bavards sur le sujet. Néanmoins, quelques informations peuvent y être trouvées. Par exemple, dans un écrit datant de 970, il est indiqué que Maïeul, alors abbé de Cluny, acheta une vigne dans la villa de Chézelles située dans la viguerie (juridiction administrative) de Deneuvre, ce qui apporte la preuve qu’un vignoble existait déjà, rive gauche de l’Allier, avant l’arrivée des moines de Cluny dans notre région.

Les recherches archéologiques conduites à Souvigny entre 2009 et 2012 ont, elles aussi, apporté des arguments formels (pollen de vigne et pépins de raisins) indiquant que la culture de la vigne y était pratiquée au moins depuis les VIIIe-IXe siècles, alors que le territoire était sous l’autorité des ancêtres des Bourbons.

La vigne et le vin à la fin du Moyen Âge

Le Bourbonnais devait alors abriter différents vignobles sur lesquels on dispose d’assez peu d’informations, sauf pour le plus réputé d’entre eux, celui de Saint-Pourçain. La plus ancienne mention écrite relative à ce dernier remonte à 1240. Les textes de cette période parlent notamment des vignes de Souitte, une petite paroisse située entre Louchy-Montfand et Saint-Pourçain, et qui, aujourd’hui, est rattachée à cette dernière commune. Un texte de 1317 nous apprend que Philippe IV, dit Philippe le Bel, possédait des vignes dans ce terroir, ainsi qu’un pressoir à Saint-Pourçain même. Autant dire que si un roi de France disposait de ses propres vignes et pressoir ici, c’est que le vin qui y était produit devait être de très bonne qualité. Et en effet, du XIIIe au XVIe siècle, le vin de Saint-Pourçain était servi sur les plus grandes tables : celles des rois de France, de saint Louis à Henry IV, ainsi que celles de certains papes, tel Clément VI, originaire d’Auvergne.

Durant les derniers siècles du Moyen Âge, dans les milieux les plus aisés, le vin était consommé dans des verres à pied. Ces récipients étaient souvent ornés de côtes proéminentes facilement reconnaissables, à l’instar de quelques exemplaires mis au jour lors des fouilles du prieuré Notre-Dame à Montluçon. Les citoyens moins nantis se contentaient de gobelets en terre cuite recouverts de glaçure, revêtement assurant leur étanchéité. Les pichets, également en terre cuite et considérés comme destinés au service du vin, étaient eux aussi souvent glaçurés. Ils se rencontrent sur de nombreux sites d’habitat des XIIIe-XIVe siècles (fig. 8).

À partir de la fin du Moyen Âge, les services à vin étaient essentiellement en verre ; et il n’est pas rare de retrouver en fouille des fragments de verres à boire et de flacons (fig. 9). Malheureusement, du fait de leur fragilité, ces vestiges sont souvent très endommagés. Parfois, les tessons recueillis permettent de proposer la restitution des formes des récipients, à l’instar d’une petite carafe découverte en 2010, à proximité du bâtiment nord du prieuré Notre-Dame de Montluçon, non loin de la cuisine et du réfectoire. Ce type de carafon, appelé burette, est relativement rare (fig. 10). Il pourrait avoir été utilisé pour servir du vin à la table des religieux, mais aussi peut-être pour contenir du vin de messe, l’usage liturgique de cette forme de récipient étant souvent admis.

Les vendanges à Louchy-Montfand au début du XXI siècle

En guise de conclusion

La découverte d’amphores nous rappelle combien les gaulois appréciaient déjà le vin, avant que leurs descendants ne se lancent dans la culture de la vigne au profit d’une période d’amélioration climatique au début de notre ère. 2 000 ans plus tard, la renommée de certains vignobles locaux ne cesse de grandir. Ces derniers perpétuent une longue tradition (fig. 11) qui, espérons-le, ne disparaîtra pas par la force des changements climatiques en cours, et permettra aux générations à venir de pouvoir continuer encore longtemps à déguster du vin… avec modération.

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