Les traitements : quinine, vomitifs, purgatifs, opium, saignées et sangsues
L’aspirine n’a été commercialisée qu’en fin de siècle et le paracétamol ne fut disponible qu’après la seconde guerre mondiale. On utilisait alors la quinine pour lutter contre les fièvres de toutes origines, mais ce médicament était encore trop coûteux pour certains patients.
Les antibiotiques n’existaient pas. Les vomitifs ou purgatifs à base de plantes (ipéca, scille, scammonée), d’antimoine et de sel de mercure étaient donnés en première intention.
L’opium (laudanum, élixir parégorique, morphine), était prescrit pour les douleurs ou dans les cas désespérés.
En fin de siècle, l’emploi des sangsues, que nous appelons maintenant l’hirudothérapie, avaient remplacé les saignées d’Hippocrate que pratiquait parfois le docteur Dechaux. Les religieuses de Blanzat assuraient l’approvisionnement et le suivi de ces petits animaux très efficaces.
« La saignée ne guérit pas instantanément, ni toujours, mais elle diminue la congestion, prévient les apoplexies, les hémorragies, et les désorganisations du cerveau. Je ne suis donc pas systématique. Comme Hippocrate, je n’en viens à la saignée que dans les occasions tranchées et périlleuses » (P.M Dechaux, « Les quatre points cardinaux de la médecine »).
Les publications du docteur Dechaux
C’était un homme cultivé. On retrouve de nombreuses citations en latin et en grec dans ses publications.
Certains ouvrages du docteur Dechaux sont consultables sur le site de la Bibliothèque Nationale de France Gallica : « Des plaies pénétrantes des articulations » ; « La vérité sur les maladies de l’utérus » ; « la variole et le croup à Montluçon » ; « Les quatre points cardinaux de la médecine » ; « La femme stérile » ; et un « Guide pratique pour l’étudiant en médecine ». Certains points étudiés par le docteur Dechaux ont été repris par des confrères lyonnais, bordelais ou toulousains, concernant la syphilis des verriers, la conservation des membres dans les cas désespérés, la physiologie de la femme, l’empoisonnement par le datura stramonium, une plante adventice présente dans certaines cultures, etc…
« Du temps d’Hippocrate, c’étaient des miasmes, des sucs viciés, des matières peccantes ; de nos jours, par les progrès du microscope, ce sont des sporules, des bactéries, des animalcules, des microbes, des atomes remuants ? Qu’importe, vivants ou morts, ce sont quand même des corps étrangers, autrefois des ferments, une pourriture, maintenant une espèce de vermine dont il est essentiel de se débarrasser ». (P.M Dechaux, « Les quatre points cardinaux de la médecine », 1891)
Beaucoup d’hommages à son décès
Sa descendance semble éteinte mais le tombeau familial est toujours visible au cimetière de l’est à Montluçon où son unique petite-fille, Marguerite, née pendant l’épidémie de variole de 1886, a été inhumée en 1944.
Une foule nombreuse s’est déplacée le 29 décembre 1895 pour ses obsèques. Il fut l’un des fondateurs de l’association des médecins de l’Allier, dont il comprenait le rôle social. Ses confrères lui ont rendu hommage à cette occasion pour sa courtoisie, sa loyauté, sa probité et son dévouement sans faille auprès de ses patients jusqu’à sa retraite à l’âge de 80 ans.
Aux hommages de ses confrères s’ajoutaient ceux de M. Hennecart, directeur de la compagnie Saint-Gobain où il a œuvré pendant plus de 40 ans, et ceux de M. Bozon, président du conseil de fabrique de l’église saint-Pierre qui a souligné que « le docteur Dechaux était certainement soutenu par cette force invisible qui dirige l’homme de bien dans l’accomplissement de son devoir ».
On peut cependant regretter que le docteur Pierre-Marie Dechaux, médecin-chirurgien humaniste qui a largement démontré son dévouement aux pauvres et son attachement à sa ville natale, reste une personnalité si oubliée des Montluçonnais.