Chateau-Bien-Assis

Les Amis de Montluçon

Société d'Histoire et d'Archéologie

Exposition Pierre LEPRAT et l’école de l’Aumance (20 au 29 mai 2023)

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Activité associée

Les usines

C’est en hommage à leur fondateur que le conseil d’administration des Amis de Montluçon a décidé de faire découvrir les œuvres de Pierre Leprat, artiste peintre et professeur de dessin, à travers une exposition. Les visiteurs ont pu admirer de nombreux tableaux : ceux de Leprat, mais aussi ceux des peintres de l’École de l’Aumance fondée à Hérisson par Henri Harpignies.

L’intérêt de Pierre Leprat pour l’histoire locale, la vie des grands hommes, la flore et le patrimoine archéologique l’a amené à fonder en avril 1911 la société des Amis de Montluçon dont il sera le premier président pendant 26 ans, entouré d’intellectuels et de notables.

Dans les « Cahiers Bourbonnais » de 1959, André Guy, ancien président des Amis de Montluçon et des Amis des Arts, avait déjà rendu hommage au peintre bourbonnais lors d’une rétrospective.

La conférence donnée en mars 2018 par Mme Marie-Noëlle de Grandry, arrière-petite-fille de Pierre Leprat, pour évoquer la mémoire de son aïeul à travers son œuvre picturale, a été l’amorce de cette démarche entreprise par les Amis de Montluçon.

Une deuxième rencontre avec Jean-Marie Chauvin, expert en peinture du XIXe siècle, a permis de faire le lien entre Pierre Leprat et l’École de l’Aumance. En effet, Pierre Leprat fut l’élève d’Henri Harpignies, peintre fondateur de l’école liée au village d’Hérisson.

Pierre Leprat, sa vie  d’enseignant et d’artiste

Né à Moulins le 16 avril 1849, Pierre Leprat a manifesté très jeune des talents pour le dessin. Encouragé par ses maîtres de l’école Chevalier, il fréquente à Moulins l’école municipale de dessin réputée fondée par Edmond Tudot et fait de rapides progrès sous la houlette de son professeur Jean Bariau.

Il devient à son tour moniteur pour de jeunes élèves, avant de travailler chez l’imprimeur-éditeur Desrosiers. En 1870, on le retrouve comme secrétaire-infirmier à l’hôpital de Moulins pendant son service militaire. Ensuite il revient dans l’école de dessin qu’il a fréquentée, mais cette fois-ci en tant que professeur et adjoint de son ancien maître Jean Bariau. Plusieurs prix lui sont décernés, tant pour ses talents de peintre paysagiste que pour son habileté en lithographie dont il fait sa profession. Mais une nouvelle étape de sa vie l’amène à quitter Moulins quand il est nommé professeur de dessin au collège des Montluçon en 1877. Cet établissement devient en 1883 le lycée Jules-Ferry, et Pierre Leprat s’y retrouve professeur dans la section préparatoire au concours des Arts et Métiers, poste qu’il occupera pendant 37 ans.

Lavault-Sainte-Anne

L’exposition « Pierre Leprat et l’école de l’Aumance »

L’exposition s’est tenue du 20 au 29 mai 2023 à la Maison de la Culture, place Gérard-Philipe à Désertines.

La salle Abbé Coulhon du rez-de-chaussée a été, le temps de l’exposition, le réceptacle de tableaux, huiles ou aquarelles dédiés au Montluçon du début du XXe siècle et des bords du Cher, côté Lavault-Sainte-Anne et gorges et ruines de Thizon (encre sur papier). La représentation de la vie ordinaire a fait revivre La chevrière au tricot, et La dévideuse dans un humble intérieur de maison paysanne, ainsi que Le joueur de piaulou, scènes intimistes de profonde réalité, à côté de La lecture du journal, dans un clair-obscur à la Rembrandt.

Les petits métiers ont été représentés par Le cordier du Diénat et le Marinier amarrant sa péniche.

Ses séjours dans la Creuse ont inspiré l’artiste à travers quelques tableaux comme Le labourage dans la Creuse, Fillette au bois ou l’aquarelle représentant sa fille Marie-Gabrielle dans un jardin à Dontreix.

Un paravent à trois panneaux appartenant à la famille de Grandry représentant Un matin de printemps, un soir d’été et un jour d’hiver a illustré la production de l’artiste dans le domaine des arts décoratifs.

À la pointe des innovations techniques, l’artiste s’est initié à la photographie et réalisait lui-même ses clichés à partir de plaques photographiques d’un format de 9 x 12 cm. Son matériel, un appareil modèle « Détective n° 3 Korsten », était présenté dans une vitrine, avec son étui marqué à l’encre « P. Leprat Montluçon ». Ces deux objets attestent de la passion du peintre pour cette autre représentation artistique qu’est la photographie.

Sous vitrine également, les visiteurs ont pu voir les minutieux carnets de croquis de l’artiste, et les diplômes qu’il a obtenus.

Le vaste espace de la Maison de la Culture a permis d’exposer à l’étage, dans la salle Alphonse Guénard, des tableaux de Pierre Leprat de plus grandes dimensions.

Après avoir croisé le regard de l’artiste réalisé en autoportrait dans les dernières années de sa vie, puis admiré le portrait du peintre réalisé par Pierre Guillaumier en 1885, le visiteur a pu faire connaissance avec les huiles sur toile représentant son épouse Clémentine Laurent, sa fille Marie-Gabrielle et son petit-fils Pierre Pradel devenu plus tard historien d’art.

Pierre Leprat n’a pas échappé à la tendance de l’époque de réaliser des portraits tels que ceux du Vicomte Paillhou, du capitaine Albert M. de la Grange et du docteur P. M. Dechaux, personnalités de l’époque. Ces œuvres traitées de manière académique tranchent avec le Portrait d’homme, d’un réalisme fascinant, exposé à leurs côtés.En spectateur de l’activité industrielle, Pierre Leprat a réalisé quelques œuvres sur le canal de Berry, les Nicauds, les usines et le Cher qui ont permis aux visiteurs de se replonger dans des paysages de Montluçon aujourd’hui disparus. Les deux œuvres majeures, La Grève, témoignage du passé industriel de Montluçon, et La séance de travail manuel ont été exposées avec les études des personnages réalisés par l’artiste pour montrer le cheminement du peintre dans la composition du tableau. Acquise à l’époque par le Ministère de l’instruction publique, La séance de travail manuel est présentée actuellement dans une salle de réunion du lycée Paul Constans à Montluçon.

Pierre Leprat s’est aussi intéressé à la flore bourbonnaise qu’il a reproduite sous forme de planches botaniques proposées aux visiteurs, à proximité de quelques aquarelles témoignant de la rencontre de l’artiste avec la mer, du côté de Biarritz, Hendaye ou Le Croisic.

La grève

Quelques œuvres de l’École de l’Aumance

En tant qu’élève du peintre Henri Harpignies (1819-1916), Pierre Leprat faisait partie de l’école de l’Aumance. Il s’était lié à d’autres artistes qui venait à Hérisson tous les étés pour recevoir l’enseignement du maître. Le château, les bords de l’Aumance, la place du marché du village ont inspiré ces artistes. Parmi les œuvres accrochées aux cimaises de la salle Curé Jaladon, les visiteurs ont pu contempler Le château d’Hérisson, vue du pont, huile de Jean Bougret (1922-1979); Une rue à Hérisson de Paul Pingret; Les toits de Hérisson peints par Henri Charrier (1859-1950); Le marché sous la pluie de Victor Cuguen (1882-1969), et aussi Châteloy et l’Aumance de Paul Lecomte (1842-1920).

Une touche d’exotisme est apportée par Alphonse Birck (1859-1944) avec Campement, Forêt d’eucalyptus et Près du phare d’Alger d’Alexandre Rigotard (1871-1944).

Après Le ruisseau près d’Hérisson aux nuances impressionnistes de Louis Dutasta (1851-1910), le visiteur s’enfonce dans La promenade en forêt, fusain du même artiste.

Le Portrait d’Harpignies (eau-forte de Léon Gaucherel d’après par Édouard-Louis Dubufe (1819-1883) et La halte des bohémiens, aquarelle d’Henri Harpignies, ont permis de restituer l’atmosphère de l’école de l’Aumance à travers l’empreinte incontestée laissée par le maître.

Un moment de convivialité a réuni autour d’un vin d’honneur des descendants de la famille de Pierre Leprat et tous ceux qui ont apporté leur concours à la préparation de l’exposition afin de préserver la mémoire de cet homme qui fut un témoin de son temps et un passeur d’histoire locale.

Composition du groupe de travail :

Coordonnateur : Alain Gourbet ; commissaires de l’exposition : Danielle Brindel et Marie-Hélène Meurville ; membres du groupe : Annie Chambat, Nicole Dimitri, Bernard Forestier, Monique James, Jean-Paul Michard, Michel Pille.

Jean Marie Chauvin, expert en peinture du XIXe siècle,  s’est joint à ce groupe pour ce qui concerne l’École de l’Aumance.

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