Montaigut-en-Combraille
Un court trajet nous conduit ensuite à Montaigut-en-Combraille à la découverte du patrimoine de la ville.
Les habitants sont les Montacutains(es). Mais on les surnomme aussi « les bitous » (synonyme de fiers à bras) appelés ainsi depuis 1465, époque de la ligue du Bien Public à laquelle prit part le seigneur de Montaigut.
Nous visitons, ici, une commune médiévale de France de 1021 habitants qui porte le nom de « capitale des Combrailles ». Située à quelques kilomètres du Limousin, Montaigut a attiré l’attention des plus grands, comme les Bourbons et les Orléans. La cité possède un riche passé historique. On peut le découvrir à travers son bourg médiéval qui se développe à flanc de pente, sous le château, ancienne forteresse médiévale du XIIe siècle que nous ne visitons pas car l’accès est difficile. Des vestiges du Moyen Âge sont présents en différent lieux du village. Le quartier médiéval de Montaigut-en-Combraille offre beaucoup d’endroits intéressants, culturels et historiques : on peut les parcourir par de nombreux petit chemins et ruelles qui offrent de beaux panoramas empreints d’une atmosphère moyenâgeuse.
Parcourant ainsi les rues, nous arrivons au vestige de « la Barbacane ». Le terme barbacane désignait pendant le Moyen Âge un ouvrage de fortification avancé qui protégeait un passage, une porte ou poterne, premier obstacle à franchir pour atteindre le château, et qui permettait à la garnison d’une forteresse de se réunir sur un point saillant à couvert, pour faire des sorties, protéger une retraite ou accueillir un corps de secours. Il faut également souligner que cette « chicane » empêchait l’ennemi d’utiliser un bélier pour enfoncer la porte.
Au cœur du quartier médiéval de Montaigut en Combraille, nous remarquons l’architecture particulière et somptueuse, à la fois romane et gothique, de l’église des XIIe et XIIIe siècles. Le style n’est pas auvergnat. Elle appartient à la famille des églises bourbonnaise et bourguignonnes.
Son plan très simple est composé d’une nef à quatre travées, deux collatéraux, un chœur, et une abside pentagonale. Au XIXe siècle, une chapelle accolée sur la partie sud a été dédiée à « Notre-Dame de Bonne Nouvelle ». Cette vierge, représentée encore jeune, est en bois dorée du XVIe siècle : elle accueille la bonne nouvelle de l’Annonciation, les mains jointes sur le cœur.
Un intéressant pilier historié a été trouvé, en 1960, à l’emplacement d’un ancien cimetière. Ce pilier serait le fût d’une croix dans lequel une niche représente saint Alyre, évêque de Clermont et patron de la paroisse. Trois femmes sont représentées : sainte Marguerite, accompagnée d’un dragon qu’elle a terrassé ; sainte Catherine, avec la roue de son supplice ; et sainte Barbe, patronne des pompiers, des artilleurs, des écoliers et des mineurs, avec la tour de sa prison. Ces trois saintes sont dites « auxiliaires » pour le repos des morts. Deux blasons sont présents mais non identifiés.
D’autres œuvres décorent l’église : les restes d’une statue du Christ partiellement brûlée au cours de la Révolution, et qui aurait surplombé une poutre de gloire. Cette poutre, ainsi désignée parce qu’elle porte toujours en son centre un crucifix, est une poutre peinte, sculptée ou orfévrée, placée transversalement à l’entrée du transept ou à l’orée de l’abside. La poutre de gloire est à l’origine du jubé. Elle en vint à constituer une nette séparation entre la nef réservée aux fidèles, et le chœur où officiaient les prêtres.
On peut également remarquer une grande peinture, et de nombreuses statues et vitraux. L’église a subi d’importants travaux de restauration en 2005, 2006 et 2007. Elle fut saccagée pendant la Révolution française.
La maison dite de « l’Apothicaire »[1], où les Amis de Montluçon se réfugient pendant une averse, est un très bel ouvrage d’architecture, située à l’angle de la place de l’église et de la rue du Pont, datant du XVIe siècle. Elle doit son nom à un chapiteau représentant l’ancienne allégorie des apothicaires : le haut d’une colonne engagée est orné de deux singes mangeant des feuilles d’acanthes. Cette vieille demeure est la plus ancienne de la ville.
La « Porte Montmarault », que nous n’avons pas visitée à cause de la pluie, date du XIIIe siècle. Il ne reste qu’une tour, vestige des entrées fortifiées des murailles du château, du temps où Montaigut était une ville fortifiée, rénovée en 2004. Sont distincts sur l’ouvrage les glissières entaillées dans la pierre dans lesquelles naviguait la herse et plus bas les trous dans lesquels s’enfonçaient les énormes verrous de la porte.
Le château, placé au sommet du village, et dont une première mention est faite au XIIe siècle, a été un important lieu d’histoire. Cette forteresse, propriété du roi d’Angleterre, fut ensuite transmise à Archambault de Bourbon. Au début du XIIIe siècle, elle fut prise par Pierre de Blot venu de son Château-Rocher. Ruinée au XVIe siècle, elle fut démantelée en 1632 sur ordre de Richelieu ; il n’en reste qu’une belle vue sur la région avoisinante.
Le beffroi ne faisait pas partie de la forteresse, mais il met en évidence le pouvoir municipal. C’est une imposante tour carrée de 30 m de haut qui abrite l’horloge municipale. Il fut édifié au XIIIe siècle pour servir de poste de guet. Sur sa cloche de 800 kg nommée Charlotte, apparaît une inscription en lettres gothiques peut se traduire ainsi : « Je donnerai l’heure exacte aux citoyens et voyageurs ».
La Place Archambault VIII a été nommée ainsi parce que le sire de Bourbon avait le titre de seigneur de Montaigut. Il fut marié à Béatrix de Montluçon. Tous les deux furent inhumés à l’abbaye de Bellaigue en 1238.
[1] Classée Monument Historique en 1972