En dénommant Ville-Gozet la ville nouvelle issue de la révolution industrielle, les Montluçonnais du milieu du XIXe siècle ont fait de Gozet l’un de leurs plus célèbres concitoyens, célèbre certes, mais historiquement fort peu connu. Gozet est un personnage légendaire selon la définition du dictionnaire : un personnage déformé, présenté par la tradition populaire comme un joyeux luron, jovial, bavard et intempérant, « un gaillard rusé autant que retors ».
Ce texte est un condensé d’une communication de René Bourgougnon présentée en séance aux Amis de Montluçon le vendredi 8 février 1985, et publiée dans le Bulletin des Amis de Montluçon, 3e série, n° 35, 1984.
Qui était donc Gozet ? La lecture de ce qui a été écrit par les historiens de Montluçon ne satisfait guère notre curiosité : un examen attentif des textes prouve qu’aucun ne paraît avoir eu recours aux véritables sources de l’histoire : les écrits de l’époque, les archives publiques et privées, la presse locale. Tous nous rapportent une tradition orale recueillie plus de trente ans après la mort du personnage, auprès d’une génération qui ne l’avait pas connu. Ils ignorent aussi que Gozet est le surnom d’un individu dont le nom véritable avait pourtant déjà été révélé par plusieurs auteurs. Voici ce que nous en disent les premiers historiens montluçonnais :
– Édouard Janin, « Histoire de Montluçon », 1904, p. 282
Il y a soixante-cinq ans, un nommé Gozet, tailleur d’habits, natif des environs, vint s’installer dans une petite échoppe, au coin du pont Saint-Pierre (…) ; un peu plus tard, le dit Gozet avait acquis d’un nommé Jean Mage (…) une parcelle de terre d’une contenance de 13 ares. Il s’y fit construire, exactement en face de l’entrée des Ateliers de constructions de la Compagnie de Châtillon et Commentry (anciens ateliers Poynot), après avoir franchi le passage à niveau, rive gauche, de la rue de la République, une petite boutique à l’usage de sa profession. Ce modeste bâtiment, un peu transformé il y a trois ans, subsiste encore. Gozet, sans le savoir, planta le premier jalon du quartier ouest de Montluçon. Il en fut récompensé, car son nom, devenu populaire, fut donné par les habitants à la ville naissante qui se développa si rapidement qu’elle devint bientôt, comme population, l’égale de l’ancienne ville et l’une des cités industrielles les plus florissantes de la France.
– Ernest Montusès, « Histoire de Montluçon », 1912, p. 98
C’est le peuple qui a baptisé les quartiers et les vieilles rues, souvent avec un sens ironique qui a retenu l’attention par le rire. Ainsi fit-il pour le quartier d’outre-Cher.
Au coin du pont, dans une des quatre ou cinq baraques bâties au bord du Cher, habitait avant 1840 un pauvre tailleur d’habits, Gozet, que ses habitudes d’intempérance faisaient tourner en dérision. Gozet se fit bâtir une modeste maisonnette tout au fond de la rue qu’on ouvrit à travers la nouvelle ville, et ce fut sa ville : la ville de Gozet.
– Chanoine Joseph Clément, « Montluçon et ses richesses d’Art », 1932, p. 290.
Sur l’autre rive du Cher se développait une nouvelle et populeuse ville, amorcée par la petite échoppe que M. Gozet s’était fait construire sur la route de Tours, au-delà du pont, dans une parcelle de terrain acquise de M. Jean Mage.
Gozet s’appelait en réalité Jean Lebourg
Paradoxalement ce n’est pas un historien qui nous a mis sur la piste de nouvelles recherches mais le géographe P. Coupas. Dans son ouvrage publié en 1883, « Le département de l’Allier », page 194, il nous révèle la véritable identité de Gozet que nos trois historiens paraissent ne pas avoir connue.
C’est à partir de 1846 que Montluçon s’est agrandi dans de vastes proportions. Sur la rive gauche du Cher, on a créé, depuis cette époque, des manufactures et des usines magnifiques, on a construit des quartiers pour la population ouvrière ; une nouvelle ville s’est formée : c’est la ville Gozet, qui porte le surnom d’un sieur Lebourg, le constructeur de la première maison.
Un autre géographe, Ardouin-Dumazet, dans « Voyage en France » (27e série, Le Bourbonnais) paru en 1903, écrit à la page 170 :
Dans l’axe du pont s’ouvre l’interminable rue de la République, au long de laquelle naît l’agglomération de la Ville-Gozet, qui doit son nom au sobriquet du premier constructeur de maison dans ces parages éloignés.
Puisque Gozet est le surnom d’un sieur Lebourg, la découverte de la véritable identité du personnage n’est possible que par le dépouillement des archives.
Les actes de l’État civil, sauf dans des cas rarissimes, ne mentionnent pas les surnoms. Heureusement d’autres archives les indiquent parfois : les actes notariés, les annonces légales, la presse dans ses faits divers. Il se trouve que c’est le dépouillement des « recensements annuels de la population » qui fournit la preuve que Gozet s’appelait bien Lebourg. Dans le registre de 1854, les archivistes de la ville ont découvert la mention suivante : Lebourg Jean dit GOZET, tailleur, 44 ans (boiteux), rue de Tours. Propriétaire : Moreau.
Après cette première citation, on retrouve quatre fois encore la mention « dit Gozet », en 1855, 1866, 1867 et 1868. Puis elle disparaît au recensement de 1869, année du décès de Jean Lebourg.
Dès lors il était facile de revenir à l’État civil de Montluçon, au registre des décès de 1869, n° 368 :
« L’an 1869, le 2 août… Jean Lebourg, tailleur d’habits, âgé de cinquante-neuf ans, né en la commune de Domérat, fils de feu Pierre et de défunte Jeanne Prévot, veuf en premières noces de Catherine Aumaître et époux en seconde noce de Marie Catary, journalière, âgée de trente-huit ans avec laquelle il demeurait en cette ville, est décédé en son domicile rue de Brevelle, ce matin à huit heures… ».
Jean Lebourg et sa famille
L’État civil de Domérat nous révèle au registre des naissances que « Jean Lebourg est né à Domérat le 20 décembre 1809, fils de Pierre Lebourg, propriétaire, et Jeanne Prévot ».
Pierre Lebourg, né en 1779, habitait au bourg et possédait plusieurs vignes disséminées sur le territoire de la commune ; Jean hérita de ce patrimoine à la mort de son père le 22-11-1847.
Les registres des mariages de Montluçon nous apprennent que Jean Lebourg s’est marié deux fois en 1829 et en 1868 :
Le 17-2-1829, Jean Lebourg, tailleur, âgé de 19 ans, né en la commune de Domérat le 20-12-1809, fils mineur de Pierre Lebourg, vigneron propriétaire et de Jeanne Prévot, décédée, épouse Catherine Aumaître, domestique, âgée de 21 ans et demi, née en la commune de Désertines le 20-11-1807, fille majeure de Jean Aumaître, décédé, et de Marie Thévenin décédée, demeurant à Montluçon.
Le ménage Lebourg-Aumaître eut trois enfants : l’aînée Françoise, née le 25-7-1830 à Montluçon, suivie d’un fils Claude, né le 15-6-1833 à Domérat, et d’une fille Rose (infirme) signalés dans les recensements. Claude Lebourg, ouvrier plâtrier, époux d’Anne Juge, est décédé à Montluçon le 27-4-1859 à l’âge de 26 ans.
Veuf de Catherine Aumaître décédée le 14 avril 1855 alors que le couple habitait aux Marais route de Tours, Jean Lebourg épousa en secondes noces, le 15-9-1868, un an avant sa mort, Marie Catary, de vingt ans plus jeune que lui, avec qui il vivait depuis 1863 rue du Canal puis rue de Brevelle.
La descendance de Gozet
Françoise, la fille aînée de Jean Lebourg et de Catherine Aumaître, épousa à Montluçon le 17-2-1849 Jean Courrier, verrier né à Decize le 29-3-1819 ; le couple eut six enfants, trois garçons et trois filles ; Plusieurs de nos contemporains sont peut-être des descendants de Gozet sans le savoir… Les anciens Montluçonnais ont pu connaître, dans les années 1950, une institutrice retraitée qui était l’arrière-petite-fille de Gozet : Madame Amélie Ray, née Debaize, fille d’Adélaïde Courrier, et petite-fille de Françoise Lebourg. Née en 1872, trois ans après la mort de son arrière-grand-père, elle avait reçu de sa mère et de sa grand-mère décédée en 1904 de véritables témoignages. Ses propos ne paraissent pas avoir été recueillis sérieusement et n’ont pas redressé les erreurs déjà propagées par la légende depuis le début du siècle. Cette vieille dame, qui n’eut pas d’enfants, est décédée à Oiron près de Thouars (Deux-Sèvres) le 31-7-1961, emportant avec elle de précieux souvenirs.
Les domiciles, les professions, les propriétaires de Gozet
Grâce aux registres de dénombrement de la population, nous pouvons suivre Gozet année par année de 1838 à 1869. Pendant cette période le nom de Jean Lebourg apparaît dans 29 registres ; ceux des années 1858, 1859, 1860 manquent et correspondent à une période où Gozet habite soit rue du Capitaine-Segond, soit rue du Canal. Quant à la période antérieure à 1838 qui suit son mariage à Montluçon en 1829, les archives ne permettent pas de situer son domicile qui est probablement « le Bout du Pont ».
Le nom de Jean Lebourg apparaît donc pour la première fois en 1838. Il est recensé comme cabaretier, 28 ans résidant avec sa femme et ses trois enfants au « Bout du Pont » dans un immeuble dont le propriétaire était le sieur Devenas.
Il faut préciser qu’au début du XIXe siècle on dénommait « Bout du Pont » un groupe de maisons situées sur la rive gauche du Cher, au débouché du Pont Saint-Pierre entre la place des Trois-Ayards et le cimetière Saint-Pierre qui occupait alors l’emplacement de l’actuelle Place Winston-Churchill.
Le cadastre ancien nous indique que la propriété Devenas occupe la parcelle n° 856 qui fait partie d’un ensemble de quatre immeubles situés dans l’axe du pont Saint-Pierre, détruits lors du percement de la route de Tours en 1839-1840.
Cette démolition oblige Jean Lebourg à déménager : il vient habiter sur la rive droite du Cher dans le quartier Saint-Pierre où il va rester six ans.
En 1839, 1840, 1841, il occupe rue des Rémouleurs un immeuble dont le propriétaire est Des Gozis, un notable montluçonnais ; il est recensé comme tailleur (et boiteux).
En 1842, il déménage à nouveau et va habiter Place Saint-Pierre pendant trois ans jusqu’en 1844 ; son propriétaire est le sieur Tullat.
Place Saint-Pierre, il est cabaretier mais il continue certainement à exercer son métier de tailleur car en 1842 le recensement signale à son domicile un ouvrier tailleur nommé Étienne Deschet.
C’est certainement à cette époque que débute la notoriété de Gozet, cabaretier place Saint-Pierre. Sa personnalité que la légende nous a révélée a attiré à son cabaret les clients qui ont assuré sa réputation.
En 1845, Gozet déménage à nouveau. Il quitte la place Saint-Pierre et nous le retrouvons cabaretier « aux Marais », sans pouvoir préciser la situation exacte de son domicile où il habite pendant cinq ans, jusqu’en 1849, dans une maison dont il se déclare propriétaire ; avec sa famille il y héberge un apprenti tailleur nommé Jean Bénat. Comme sur la place Saint-Pierre, tout en tenant son cabaret, il exerce en même temps son métier de tailleur.
1845 à 1848 sont les années qui marquent l’apogée de la célébrité de Gozet. C’est à cette époque que les Montluçonnais adoptent l’appellation « Ville-Gozet » qui remplace dans le langage courant l’officielle dénomination de « quartier d’Outre-Cher » ainsi que celle de « ville Dardan » qui fut éphémère. Le nom de « Ville-Gozet, près Montluçon », apparaît pour la première fois dans la presse locale dans un fait divers relaté dans le Courrier de l’Allier en novembre 1847.
C’est l’époque aussi où Jean Lebourg a de nombreux déboires : les biens qu’il a hérités de son père sont vendus sur saisie. Il est ruiné, peut-être par sa prodigalité. En 1849 il n’est plus cabaretier et le recensement le mentionne « ouvrier tailleur ». L’année suivante, sans doute expulsé de sa maison des Marais, il revient habiter dans le quartier Saint-Pierre, toujours « ouvrier tailleur, et infirme ». Il est locataire pendant trois ans chez le sieur Berger, rue du Pont-Vieux, avec sa femme et ses deux plus jeunes enfants Claude et Rose. Sa fille aînée Françoise s’est mariée l’année précédente avec Jean Courrier et habite rue de Tours. Le recensement de 1851 mentionne « Jean Lebourg, ouvrier tailleur en Ville-Gozet, habitant rue du Pont-Vieux ». Il va donc travailler comme ouvrier sur l’autre rive du Cher, dans la ville qui porte son nom, et paraît ne plus être artisan patron comme au début de sa carrière.
En 1853, Jean Lebourg est recensé locataire, rue Porte Saint-Pierre, à quelques dizaines de mètres du Pont-Vieux, dans un immeuble appartenant au sieur Renon ; il n’y restera qu’un an. En effet cet immeuble attenant à la vieille porte féodale encore debout fut exproprié cette année 1853 par la municipalité pour réaliser une mémorable opération d’urbanisme. Gozet en fut victime. Un extrait de l’exploit d’huissier du 3 mars 1854 publié dans le Courrier du Centre nous apprend que « Jean Lebourg dit Gozet » a reçu comme locataire expulsé « une indemnité de 12 F 50 pour trois mois de location ».
En 1854, Jean Lebourg regagne la ville-Gozet. Il est recensé cette année-là pour la première fois avec son surnom : « Lebourg Jean dit Gozet, tailleur, 44 ans, boiteux. Propriétaire : Moreau ». Il habite avec son épouse Catherine Aumaître qui meurt l’année suivante le 14 avril 1855 ; veuf, il reste seul avec sa fille Rose.
En 1856, nouveau déménagement : pendant cinq ans Jean Lebourg habite rue du Capitaine-Segond avec sa fille Rose. Il est locataire du sieur Chambenois et se déclare tailleur d’habits.
En 1861, Jean Lebourg se retrouve à une centaine de mètres de là, rue du Canal, avec sa fille Rose qui disparaît l’année suivante du recensement, pour être remplacée par Marie Catary qui paraît être sa domestique et résida avec lui jusqu’en 1869. Pendant cette période il se déclare « propriétaire », titre qui figure dans la colonne des professions les sept dernières années de sa vie.
Le recensement de 1866 nous indique son dernier domicile : « Lebourg Jean dit Gozet, propriétaire, rue de Brevelle » dans une maison que l’on a pu localiser, grâce au cadastre, 11 rue de Brevelle, propriété du sieur Aujay. Il y réside avec Marie Catary sa seconde épouse.
Gozet meurt le 2 août 1869, dans une maison construite à l’emplacement du domaine de Brevelle, au cœur même de la cité qui porte son nom. Aucun article nécrologique ne parut sur Gozet dans les mois suivants ; mais le Courrier de l’Allier du 8 août 1869 indique dans la rubrique État civil de Montluçon du 31 juillet au 7 août le décès de Lebourg Jean, 59 ans.
Aucun fait divers, aucune chronique ne fait allusion aux faits et gestes de Gozet ; par contre, plusieurs documents importants concernant Jean Lebourg ont été publiés dans les « annonces légales ».
Nous avons déjà signalé celle concernant l’indemnité d’éviction accordée à Gozet en 1853 lors de la démolition de la Porte Saint-Pierre, mais le plus important de ces documents qui nous éclaire sur la période la plus importante de sa vie est une annonce publiée en 1849 sur la vente sur saisie des biens de Jean Lebourg, par l’Étude de Me Diagoras Ouvière, avoué à Montluçon.
« …Le vendredi 30 mars 1849, à l’issue de l’audience du tribunal civil de Montluçon, en vertu d’un jugement de sursis du deux février 1849, il sera, à la requête du sieur Étienne-Marien BOISSIER, propriétaire et maître d’hôtel, demeurant à Montluçon, procédé à la vente au plus haut enchérisseur des immeubles saisis sur le sieur Jean LEBOURG, dit Gozet, tailleur d’habits, demeurant à la ville-Gozée, commune de Montluçon (…)
Désignation : Article premier et unique : VIGNOBLE de DOMÉRAT, situé à Domérat, commune du même nom, canton de l’arrondissement de Montluçon… ». Description : une maison, une coursière, un jardin et 80 ares de vignes en 13 parcelles.
Il s’agit des biens que Jean Lebourg a hérités de son père Pierre Lebourg décédé en 1847. Par suite de surenchères faites par le sieur Boissier, la vente fut repoussée à deux reprises le 25 mai puis le 20 juillet.
Ce texte fait apparaître, dès 1849 et pour la première fois dans un acte officiel, la mention : « Jean Lebourg dit Gozet, tailleur d’habits, demeurant à la Ville-Gozée » qui juxtapose « dit Gozet » et « Ville-Gozet » (l’orthographe Gozée étant évidemment une faute typographique). Son principal intérêt est de nous faire connaître l’un des événements les plus importants de la vie de Gozet : la vente sur saisie de ses biens.
On peut s’étonner de ne pas y voir figurer dans la description des immeubles la maison des Marais qu’il occupe depuis 1845, dont il se déclare propriétaire, et que selon la tradition, il aurait construit sur une parcelle vendue par Jean Mage. Il est certain que pour réaliser cette opération immobilière il avait emprunté au sieur Boissier. Deux actes rédigés en l’étude de Me Faurot, notaire, l’attestent.
Pendant les quatre années où il a habité aux Marais, le cabaretier Gozet a dilapidé le patrimoine que lui a légué son père, le vigneron domératois Pierre Lebourg ! Il a 38 ans et désormais, pendant les trente années qui lui restent à vivre, il n’est plus qu’un pauvre ouvrier tailleur changeant six fois de domicile. Finalement il meurt rue de Brevelle au centre même de cette Ville-Gozet qui porte son nom.
Gozet : sobriquet ou surnom ?
Gozet est-il un sobriquet donné personnellement à Jean Lebourg ? Ou bien est-ce un surnom ajouté au nom patronymique, pour distinguer un individu de ceux qui s’appellent comme lui ?
Une enquête récente menée à Domérat, où la tradition du surnom est restée très vivace, nous permet d’envisager qu’il s’agit d’un surnom accolé au patronyme Lebourg pour le distinguer des autres familles Lebourg. Un habitant de Couraud mort récemment était connu sous le nom de Pierre Gozet, sa tante sous le nom de Marie Gozette, surnom hérité de leurs ancêtres. Il paraît vraisemblable que Jean Lebourg ait apporté son surnom de Domérat.
Cette étude, certes incomplète, nous a permis de prouver que Gozet s’appelait bien Jean Lebourg
Nous savons également :
– que ce tailleur était aussi probablement le premier cabaretier établi sur la rive gauche du Cher dès 1838,
– que sa célébrité date surtout des années 1845 à 1849, lorsqu’il s’établit route de Tours, aux Marais,
– que c’est l’époque où les Montluçonnais commencent à désigner la nouvelle ville au-delà du Pont-Pierre sous le nom de « Ville-Gozet »,
– que cette dénomination fut consacrée en 1880 lorsque la municipalité décida de remplacer dans les actes officiels « Quartier d’Outre-Cher » par « Ville-Gozet », dix ans après la mort de Gozet.
On peut s’interroger sur les raisons d’une si surprenante célébrité. Gozet la doit certainement beaucoup plus à sa profession de cabaretier jovial qu’à celle de tailleur.
Pour comprendre cette notoriété de Gozet, il convient de la situer dans le contexte historique de son époque en soulignant l’importance et le rôle du cabaret dans les milieux populaires du XIXe siècle. Si des questions restent donc en suspens sur Gozet, elles relèvent sans doute plus du sociologue que de l’historien.
Pour en savoir plus
Voir Bulletin des Amis de Montluçon, 3e série, n° 35, 1984.