Né en 1895 à Domérat, fils de vigneron et vigneron lui-même, Eugène Jardon fait son entrée en politique après la grande guerre, via le syndicalisme agricole. Adhérent du parti communiste, il entre au conseil municipal en 1925 avant d’être élu maire en 1929 et réélu en 1935. Il fait alors figure d’espoir pour le PCF et s’il échoue à la députation en 1936, face à Marx Dormoy, il l’emporte en avril 1939, lors de l’élection partielle qui suit l’entrée de Dormoy au Sénat. Il devient ainsi le premier député communiste de l’Allier. Quelques mois plus tard, faute d’avoir suivi la ligne du Parti communiste, après la signature du pacte germano soviétique, il fait figure de « renégat », d’autant qu’il put finir par conserver son mandat de député, alors que la plupart des parlementaires communistes ont été déchus. C’est ce qui lui vaudra, le 10 juillet 1940, avec Marx Dormoy et Isidore Thivrier, de figurer parmi les 80 parlementaires qui voteront contre les pleins pouvoirs au Maréchal Pétain. Cet événement marquera la fin d’une carrière politique qui s’annonçait prometteuse. Si Dormoy et Thivrier se sont inscrits dans la mémoire locale, voire nationale, Eugène Jardon a longtemps fait figure « d’oublié » du 10 juillet 1940, y compris dans sa propre commune. C’est ce parcours personnel et politique, brutalement interrompu qu’aura l’occasion de retracer Jean-Paul Perrin.